Ne pas se fier aux apparences

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Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi la lune paraissait si grande lorsqu’elle se trouve juste au-dessus de l’horizon? La plupart des gens s’expliquent cette illusion par la dispersion que la lumière subit dans l’atmosphère terrestre. Ce qui est faux.

Si certains objets paraissent beaucoup plus grands qu’ils ne sont, cela tient généralement à ce que nous estimons mal la distance qui les sépare de nous. Se basant sur la grandeur de l’image qu’un objet forme sur la rétine et ce qu’il sait de la distance à laquelle il se trouve, le cerveau en «calcule» inconsciemment la grandeur réelle. Il se fie en l’occurrence à l’expérience selon laquelle un objet proche forme sur la rétine une image plus grande qu’un objet lointain. C’est pourquoi nous ne percevons pas une personne éloignée de nous comme une figure naine.

L’illusion créée par la lune trouve son explication dans la psychologie de la perception. Quand la lune est basse sur l’horizon, beaucoup d’autres objets (arbres, maisons, collines, etc.) voisinent avec elle dans le champ visuel du spectateur. Quand elle est au zénith, par contre, c’est-à-dire au plus haut de sa course, ce dernier ne trouve plus dans le vide de l’espace aucun point de repère l’aidant à estimer la distance à laquelle elle se trouve. Quand elle est juste au-dessus de l’horizon, nous la voyons infiniment plus grande qu’elle n’est parce que – faute de mieux – nous la croyons à la même distance de nous que la cime des arbres ou les maisons.

A vue d’oeil?
La psychologie des perceptions fournit d’autres très beaux exemples d’illusions d’optique. La frontière entre l’illusion et la réalité n’est pas aussi nette que nous le pensons généralement. Ainsi percevons-nous notre entourage comme un ensemble à trois dimensions alors que l’image qu’il forme sur la rétine n’en a en fait que deux. Les impressions de couleurs que nous recevons ne proviennent que d’une petite partie du spectre électromagnétique de la lumière. Les nuances se situant dans la partie infrarouge ou UV du spectre ne sont pas visibles pour nous.

Découverte il y a une centaine d’années par Franz Müller-Lyer, l’illusion du même nom est sans doute la plus connue des illusions d’optique géométriques.

L’une des deux lignes de la figure ci-dessus paraît nettement plus courte que l’autre, alors que leur longueur est exactement la même. L’impression de différence de longueur qu’a le spectateur provient uniquement du fait que les traits qui terminent les lignes ne vont pas dans le même sens. L’explication de cette illusion est la suivante: Une ligne limitée par des traits s’ouvrant vers l’extérieur suggère généralement des arêtes plus éloignées et nous la prolongeons donc optiquement pour tenir compte de cet effet de longueur. Inversement une ligne limitée par des traits se refermant vers l’intérieur suggère plutôt des arêtes proches (voir figure ci-dessous), ce qui nous conduit à la raccourcir optiquement. Cette illusion est donc en rapport avec la vision perspective, et l’«erreur» de raisonnement qu’induit l’expérience de Müller-Lyer se révèle, lorsqu’il s’agit de notre perception de l’entourage, comme un ajustement utile que fait le cerveau.

Des contours imaginaires
Ne vous est-il jamais arrivé, vous promenant à la nuit tombante, de sursauter, croyant apercevoir devant vous une silhouette accroupie? Mais en y regardant de plus près, vous constatez que ce n’est qu’un buisson. A croire que notre cerveau cherche à donner un sens aux informations optiques diffuses qui lui parviennent. La figure ci-dessous (le triangle de Kanisza) explicite cette hypothèse: On croit voir un triangle apparemment plus clair que le fond de l’image, un triangle blanc. En réalité, le fond et le triangle ont exactement la même clarté, la même couleur. Se basant sur les formes en présence, le cerveau construit une figure virtuelle: le triangle blanc.

Nous avons tendance à taxer les illusions sensorielles d’«erreurs de perception» dues à un traitement déficient ou à une mauvaise interprétation des stimuli. Ces illusions pourraient toutefois avoir une raison d’être du point de vue de la biologie de l’évolution: être capable de repérer un ennemi alors même que les conditions de visibilité sont mauvaises peut être une question de vie ou de mort. Mais l’homme n’est pas seul à être victime d’illusions d’optique: les oiseaux, les mammifères et les insectes le sont également. Ce qui est logique, les animaux devant être capables de déjouer les camouflages dont usent leurs prédateurs. La capacité de voir des contours en l’absence de tout contraste pourrait donc être un «outil de décamouflage».

Le cerveau est le plus important de nos organes. Et pourtant, il reste tant de choses à découvrir à son sujet.

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